dimanche 20 janvier 2008

8 professeurs de philosophie sur le contenu du cours d'éthique et de culture religieuse



On peut lire dans le quotidien du Devoir du jeudi 17 janvier 2008 les propos de plus d'une demi-douzaine de professeurs de philosophie remettant en question le cours d'Éthique et de culture religieuse d'État.


Éthique et culture religieuse - Un programme dénué de véritable culture religieuse"

«Pour évaluer le programme d'éthique et de culture religieuse destiné au primaire, ce ne sont pas les beaux énoncés qui comptent mais ses contenus de cours. Le contenu de la culture religieuse est précieux en ce qu'il comporte une recherche de réponse aux questions existentielles que se posent les humains: l'origine de la beauté de l'univers, le bien et le mal, la vie et la mort, les valeurs de vie, les normes de comportement, notre destinée ici-bas et dans l'au-delà. Cela constitue le coeur des religions.»

Étrangement, les contenus de cours de culture religieuse du programme et leur description détaillée [...] ne font aucune mention du coeur même du phénomène religieux. Ce que les jeunes élèves auront à apprendre, ce sont plutôt divers aspects de la pratique religieuse, tels les rituels et les symboles religieux, les objets et les lieux de culte, les célébrations et les calendriers des fêtes, les fondateurs et les guides spirituels, les postures de prière. C'est parce que ces facettes extérieures ne constituent pas le coeur des croyances que de nombreuses personnes se disent croyantes même si ces aspects extérieurs n'ont pas d'importance à leurs yeux puisqu'elles sont non pratiquantes.

C'est en allant au-delà de telles manifestations extérieures qu'on peut commencer à comprendre une religion. En limitant exclusivement les objectifs d'apprentissage à ces thèmes, le programme place les élèves en façade du religieux et omet de les faire pénétrer à l'intérieur des religions. Ce n'est donc que sous leurs apparences que le programme fera voir aux élèves les aspects extérieurs des religions. [...] C'est tout le contraire de ce qu'on doit attendre d'un programme qui prétend «manifester une compréhension du phénomène religieux».

Perception erronée

Au surplus, on sait que le caractère insolite, cocasse ou obsolète de certaines pratiques extérieures des religions témoigne de la difficulté qu'il y a à se faire une juste perception des religions et de leurs pratiques. La posture de prière particulière des musulmans ou le port chez les juifs hassidiques du couvre-chef noir sur cheveux bouclés ne manquent pas de nous apparaître parfois étranges. Or seule la connaissance de l'intérieur d'une religion permet de saisir le sens de telles manifestations. Les élèves du primaire ne pourront donc pas s'en faire une perception juste. Il n'est pas exagéré de penser que les élèves pourraient s'amuser de telles bizarreries et se moquer de ceux qui paraissent prendre tout cela au sérieux.

Le programme n'assurera donc aucunement le fait que les élèves deviendront respectueux des pratiques religieuses, des adeptes de ces pratiques ou des croyances qui s'y rattachent. Au contraire, le phénomène religieux risque fort de leur apparaître comme un bien drôle de phénomène!

Le dégoût du religieux


Pour que les élèves réussissent les examens, on les obligera à mémoriser une longue liste de mots difficiles servant à désigner ces aspects accessoires des diverses religions. Le programme n'en indique qu'une partie, mais celle-ci occupe déjà près de dix pages pleines: la croix huguenote, la menorah, le kirpan, le khanda, l'id el-Adha, l'Id el-Fitr, le Wesak, le Divali, le Tripitaka, le Bahgavad Gita, l'Aataentsic, le Nanajobo, le Glouskap, le Siddharta Gautarna. [...]

On doit aussi se préoccuper du fait que les élèves pourront conserver un très mauvais souvenir de cette accumulation de données sur le phénomène religieux dont l'école ne leur aura pas présenté le coeur de la richesse. Au sortir de l'école, il est risqué qu'ils ressentent pour longtemps ou toujours de l'agacement ou de l'animosité à entendre parler de religion, quelle que soit la confession religieuse. [...]


[lire l'article au complet - Journal Le Devoir]

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