lundi 15 septembre 2008

Extrait des propos de M. Nestor Turcotte, Philosophe.

Publié le 14 septembre 2008 dans Le Soleil - Point de vue

Peut-on tout enseigner en même temps?

«Le mot enfant vient d'un petit mot latin «infans» qui signifie : celui qui ne sait pas parler, celui qui ne peut et ne sait pas nommer le monde. L'éducation est donc l'art de donner le monde à l'enfant. L'éducation est essentiellement transmission, conservation et forcément continuité. Mais, que doit-on transmettre? Comment doit-on le faire? Faut-il tout transmettre et enseigner en même temps? Y a-t-il un danger à vouloir enseigner en parallèle le tout du savoir?

Les parents, voyant leur poupon grandir, attendent et s'étonnent d'entendre le premier mot prononcé par leur rejeton. Progressivement, le vocabulaire augmente. La langue prend forme. À l'école primaire, on lui enseigne comment écrire ses lettres, écrire les premiers mots, composer les premières phrases. La maître corrige, reprend, fait faire des exercices propres à son évolution. En première année, il écrit l'alphabet, multiplie les mots, alignent ses phrases. Les lectures sont mesurées, à hauteur d'enfant. On ne fait pas lire Rousseau, Lamartine, Corneille, Musset, Marx ou Aristote à l'aurore de la vie. L'éducation primaire fournit les données de base qui conduiront l'enfant à une certaine compréhension de sa langue maternelle. Celle-ci acquise, il pourra, seul, continuer à nommer le monde, le maîtriser et le comprendre davantage. Dans sa langue maternelle. Cela n'exclut pas ensuite l'apprentissage de nouvelles langues.

Il en est de même en mathématiques. L'enfant apprend à compter, former ses chiffres; il se surprend à additionner, à soustraire, à multiplier et à diviser. Il serait absurde de placer un enfant de première année devant la complexité de l'algèbre, du calcul différentiel, de la trigonométrie, des formules chimiques et l'astrophysique moderne. La graduation est toujours précédée des données de base. La calculatrice ne remplacera jamais la mémoire de certaines fonctions fondamentales.

L'enfant découvre vite aussi qu'il est un animal religieux. Il pose la question du sens. Du sens des choses et des êtres. Du sens aussi de l'existence. Le nouveau programme d'Éthique et de culture religieuse, imposé par le ministère de l'Éducation à tous les enfants du Québec et sans l'accord des parents, va à l'encontre de tout ce que je viens de dire sur les enseignements de base. On ne peut pas enseigner toutes les données des grands courants religieux planétaires, surtout à un enfant du primaire, sans jeter une grande confusion dans la tête du jeune enfant. Dans le domaine religieux, les mêmes mots peuvent se retrouver dans plusieurs religions, sans avoir toujours le même sens. Ayant un vocabulaire encore trop réduit, le jeune sera incapable de faire les distinctions qui s'imposent, clarifier certains concepts, éviter la confusion des genres. Au lieu de lui apporter les éléments qui lui permettraient de mieux juger et comparer les différentes doctrines religieuses, on en arrivera à créer en lui un mélange de mots, une mauvaise appréciation du domaine religieux, voire à son rejet.»


- Lien vers l'article complet -

- Lien vers le site de parents qui demandent que ce cours d'éthique et de de Culture religieuse d'État soit optionnel.

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